Le conjoncturel ne peut fonder une analyse, ou comment la difficulté peut engendrer l'espoir!!

Publié le par Ahmed Meliani

Peut-on fonder une analyse sur un fait, certes majeur mais conjoncturel? Les résultats fictifs ou avérés du rendez-vous électoraliste du 17 avril 2014.

Une fois la ferveur électoraliste passée, une fois que les consciences individuelle, d'abord et collective ensuite se retrouvent seules, sereines, loin des passions aveugles et aveuglantes, une fois tout ça passé, et je commence à voir cela dans certains écrits, on se rendra compte qu'on ne construit pas une vision sur un événement qui s'avère conjoncturel.

Mais derrière cette parodie qu'on vient de vivre source de dépit pour bon nombre de gens, surtout pour ceux qui ont cru à une illusion, se profile d'autres faits et caractéristiques non conjoncturels ceux-lâ.

Ils expriment une lame de fond qui traverse la société algérienne, dissimulée certes derrière cette parodie, mais qui montre que la société algérienne n'est plus la même. Les politiques ne l'ont pas compris, surtout ceux noyés dans leurs certitudes et qui ont trompé la société algérienne. Ils devraient et ils ne pourraient pas se débarasser de leurs conseillers qui les conseillent mal. Parcequ'ils restent tout simplement et bêtement sur des visions éculées. Tant pis ou tant mieux c'est selon où on se place.

Premièrement, les mutations profondes sur le plan démographique qu'a connues l'Algérie ne laissent aucune personne, aucune famille, aucune structure indemne.

La famille traditionnelle est éclatée, elle fait partie du passé. Chacun devrait regarder les choses en face. Je reçois tous les jours des parents d'élèves qui avouent leur impuissance à "maîtriser" leurs progénitures ما اقدرتش عليه. Ca ne concerne pas que les garçons. Une dizaine de téléphones par famille, un deux trois par enfant! Deux ou trois téléviseurs, parce qu'on n'arrive pas à concilier entre le programme des uns et des autres. Idem pour les ordinateurs!

L'université connait une féminisation grandissante, plus de 66 pour cent d'universitaires sont des filles et des femmes, idem pour certains métiers comme le secteur de la santé, le secteur de l'enseignement même si par leur visibilié elle cachent la sous occupation des femmes qui ne constituent q'une infime minorité, les femmes ne dépassent pas 11 pour cent de la population occupée.

Deuxièmement, Il va de même pour les effets des facteurs internationaux et les multiples flux économiques, de marchandises, de capitaux; les flux de l'information (les chaînes satellitaires et internet). Le pouvoir qui pense vivre en vase clos en censurant des journaux étrangers ou empêchant des journalistes étrangers couvrir un événement national, pratiquent en réalité une politique de l'autruche tout aussi inefficace que stérile. Il ya plus d'informations variées (qui vont de l'insolite à l'intime en passant par le politique) sur la société iranienne que sur la société grèque, malgré les mesures draconniennes prise par le pouvoir iranien pour que rien ne filtre.

Tapez Iran sur internet et vous verrez le flot d'informations qui vous bombardent! vous aurez l'embarras de choix. Malgré cette réalité tétue comme une bourrique, il y a des politiques dans cette sphère dite arabo-muslmane, tout aussi têtus qui continuent à sévir. Ils ne pourront comprendre que plus tu censures un fait plus il se propage à l'échelle planétaire.

Moralité des deux points précédemment cités,

Troisièmement, ce que j'ai constaté personnellement comme lame de fond dans cette campagne électoraliste au delà du conjoncturel.

Il y a autant de positions, parfois, qu'il y a de membres de la famille. Ce n'est plus le patriarche qui décide. Il arrive que dans une même famille, il y celui qui va voter pour l'un et celui qui va voter pour l'autre; il y a celui qui s'en fout et celui qui boycotte. Il y a aussi ceux qu'on a rendus schizophrènes, ceux qui n'ont pas voté, disent que c'est bien que ça soit ce candidat qui a gagné parce qu'il n'y a pas d'autres alternative et qui rêvent d'une harga, à la première occasion qui leur serait offerte. Trouver une pensée mutilée et mutilante comme celle-la est une gageure qui relève de l'impensé et l'impensable!

le patriarche ne peut plus dicter sa pensée à la famille ou à la tribu. Benflis, à croire les résultats annoncés, qu'il faut prendre avec le maximum de réserves, a été exilé dans sa propre région. S'il ne l'a pas été par les électeurs, il l'a certainement été par sa famille politique de la même région. La légitimité n'est plus dans la famille, la tribu ou la région, elle se situe à un autre niveau, les intérêts et la magouille politicienne. Mais même à ce niveau là, nos politiciens ignorent tout des mutations profondes de la société algérienne et qui supposent une autre vision fondatrice d'un nouveau pacte socio-politique pour une nouvelle république.

Sur un autre plan, tout aussi important et stratégique et à la faveur du dernier processus électoraliste avec son corrollaire de parodies, d'anecdotes, des sellaliates et d'un candidat qui ne parle pas à ses électeurs potentiels, l'émergence de nouvelles tendances au sein de la société et des jeunes, il est vrai brouillées par l'ambiance életoraliste, les invectives et le travail de désinformation dans lequel a excellé Annahar TV.

Ces nouvelles tendances se situent aussi bien dans les nouveaux comportements civiques portés par des mouvements et initiatives citoyennes comme Bezzef, Barakat, Barra... qui malgré l'intox, n'ont à aucun moment appelé à la violence et ont toujours prôné des actions pacifiques, bien au contraire, ils ont souvent subi une répression haineuse. Malgrè l'intox qui a voulu les présenter comme manipulés par l'autre candidat, il n'ont, comme mouvements pas comme individus, à aucun moment soutenu un quelconque candidat ou un quelconque parti du "front du boycott".

Ces nouveaux comportements civiques qui soutendent la lame de fond qui traverse la société algérienne dévoilent d'autres réalités que l'écrasante majorité de nos élites politiques ne pourraient comprendre, parce qu'elles sont encore dans des catégories de pensée appartenant à un autre monde:

- La société algérienne ne veut pas revenir à la décennie noire, elle se tourne vers l'avenir, voilà pourquoi le chantage par le peur est gratuit, s'il prend chez certaines franges de la population il est improductif.

- Il n'y aurait par de "printemps arabe" en Algérie dans le sens des événements qui ont touché beaucoup de pays arabes, pour la simple raison que les Algériens ont engrangé les expériences de leur automne, de leur hiver et de leur printemps. Ils refusent aujourd'hui le statut-quo et le retour en arrière, ils veulent aller de l'avant. Ils ont apprivoisé la peur, banalisé la toute puissance d'un pouvoir et son omnipotence. Je ne parle pas ici d'une conscience collective d'un peuple, je parle des élites nouvelles parmi nos jeunes qui sèment de nouveaux espoirs pour l'avenir.

Je terminerai par une information que beaucoup ont du lire sur les réseaux sociaux d'internet, ce jeudi des jeunes organisés ou plutôt interconnectés sur la page "café littéraire", ont décidé d'organiser une journée de lecture au jardin public de constantine "Benacer" chacun avec son livre. Tois jeunes filles et trois jeunes garçons ont été arrêtés avec leurs livres puis relâchés ensuite. Le livre fait-il aussi peur? Mais ce sont des jeunes qui nous délivrent ce message d'espoir et qui nous disent que le livre reste important pour eux.

Mais comment se fait-il que des gens qui se prétendent hommes du livre, livrent une guerre au livre?

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